top of page
Photo du rédacteurJessica de Tatappy

La motricité libre et les réflexes archaïques

Dernière mise à jour : 21 mars

Avez-vous entendu parler des réflexes archaïques ? Comme je sais que cela peut vous intéresser, j'ai posé toutes mes questions à Jonathan Gillaux, kinésithérapeute passionné par la motricité libre des bébés et spécialisé en pédiatrie, qui a crée le compte @bebe_agile sur Instagram. Jonathan anime aussi le blog www.bebe-agile.fr, n'hésitez pas à suivre et à vous inscrire à sa newsletter.


Merci pour cet entretien Jonathan. Vous allez voir, c'est très instructif ! 😉


Alors, commençons par la base pour avoir tous le même vocabulaire, Jonathan :

1/ Quelle est la définition de la motricité libre ?


La motricité libre est un concept pour accompagner le développement moteur du bébé. Dans la motricité libre, on va laisser l’enfant évoluer à son rythme et faire ses propres découvertes motrices progressivement par l’exploration spontanée de leur corps et de l’environnement. C’est pourquoi dans la motricité libre, on n’assoit pas les bébés, on ne les met pas dans des youpala ou tout objet contraignant leur motricité...


L’idée majeure du concept de motricité libre, c’est que tous les enfants en bonne santé ont, dès la naissance, toute l’architecture neuronale et musculo-squelettique présente, mais immature. L’enfant doit apprendre à « prendre le contrôle » de son corps pour développer une motricité volontaire.


Attention, la motricité libre ne signifie pas une absence totale d’intervention ou d’interaction de la part des adultes. Les adultes sont présents pour assurer la sécurité de l’enfant, offrir un soutien affectif et répondre à ses besoins, tout en lui permettant de prendre des initiatives et de diriger ses propres actions motrices.

Le principe de motricité libre a été développé par Emmi Pikler dans les années 1930. Emmi Pikler est une pédiatre hongroise qui travaillait dans une pouponnière. Elle a remarqué qu’en laissant les enfants évoluer librement, ils développent toutes leurs compétences motrices.






Ma première question au pédiatre de la maternité était : Pourquoi faites-vous marcher mon bébé sur le matelas à langer... Il m'a répondu qu'il vérifiait les réflexes archaïques... Depuis ce jour, je m'intéresse à la motricité libre et aussi aux réflexes archaïques. Alors Jonathan :


2/ Que sont les réflexes archaïques ?

Les réflexes archaïques, également appelés réflexes primitifs ou réflexes néonataux, font référence à une série de mouvements involontaires qui apparaissent chez les nourrissons dès la naissance ou peu de temps après. Ces réflexes sont considérés comme "archaïques" car ils sont généralement présents chez les nourrissons, mais disparaissent progressivement à mesure que le système nerveux central se développe et que des réflexes plus volontaires et contrôlés émergent. Ces réflexes archaïques sont essentiels pour la survie et le développement initial de l’enfant. Ils sont déclenchés par des stimuli spécifiques, tels que le contact avec la bouche, le visage ou les mains du nourrisson, et sont automatiques, sans nécessiter une volonté consciente.


Certains exemples courants de réflexes archaïques :


Le réflexe de succion : lorsque quelque chose touche la bouche du nourrisson, il serre les lèvres et commence à sucer.


Le réflexe de marche automatique : lorsque le nourrisson est maintenu en position verticale avec les pieds touchant une surface, il effectue des mouvements de marche en levant alternativement les jambes.



Le réflexe de préhension palmaire (agrippement) : lorsque la paume de la main du nourrisson est stimulée, il serre instinctivement les doigts pour saisir l’objet.


Le réflexe de Moro : lorsque le nourrisson est surpris ou que sa tête tombe en arrière, il étend les bras et les jambes puis les rétracte rapidement.




Le réflexe tonique asymétrique du cou : également appelé le réflexe de l’escrimeur, lorsque, couché sur le dos, la tête de l’enfant est tournée d’un côté (par lui-même ou par une tierce personne), l’extension du bras du même côté que la tête ainsi que la flexion du bras opposé ont lieu. Ce réflexe joue un rôle dans le développement de la coordination visuomotrice, de la conscience du côté droit et gauche...


Ces réflexes archaïques jouent un rôle important dans le développement initial de l’enfant. Ils disparaissent progressivement à mesure que des mouvements volontaires et contrôlés émergent. La suppression normale de ces réflexes est souvent associée à la maturation du système nerveux central et à l’émergence de compétences motrices plus complexes, telles que la coordination et le contrôle volontaire des mouvements.


3/ Pourquoi il est important que l’enfant passe par toutes les étapes par lui-même ?


Cela fait des millions d’années que nous évoluons de la sorte et il y a une bonne raison. Toutes les étapes du développement moteur du bébé vont avoir leur importance dans le développement d’une motricité complète et de qualité pour aller vers une marche en sécurité. Chacune des étapes du développement moteur va permettre de travailler des compétences :


1 - Acquisition des compétences fondamentales : Chaque étape du développement moteur du bébé constitue une base pour les étapes suivantes. En passant par chaque étape de manière séquentielle, l’enfant acquiert les compétences motrices fondamentales nécessaires à son développement global. Par exemple, ramper et se mettre à quatre pattes permettent de renforcer les muscles du tronc et des membres supérieurs, ce qui est essentiel pour développer la capacité à se tenir debout et à marcher.

2- Renforcement musculaire et coordination : Chaque étape du développement moteur permet à l’enfant de renforcer ses muscles et de développer sa coordination. Par exemple, lorsque le bébé rampe, il renforce les muscles de ses bras, de ses épaules et de son tronc, ce qui est crucial pour développer la force nécessaire à la marche ultérieure, mais également l’alternance droite gauche. En passant par chaque étape, l’enfant affine sa coordination et développe la capacité à contrôler ses mouvements de manière de plus en plus précise.

3 - Adaptation à l’environnement : Chaque étape du développement moteur permet à l’enfant de s’adapter à son environnement. En explorant et en interagissant avec son environnement par lui-même, l’enfant développe une meilleure compréhension de son corps, de l’espace qui l’entoure et des objets qui l’entourent. Cela favorise l’apprentissage de l’autonomie et de la confiance en soi, ainsi que l’adaptation à de nouvelles situations et à des défis moteurs.

4 - Développement cognitif et sensoriel : Le développement moteur est étroitement lié au développement cognitif et sensoriel de l’enfant. En passant par chaque étape du développement moteur, l’enfant stimule ses sens, développe sa perception spatiale, sa coordination œil-main et sa mémoire kinesthésique. Ces compétences motrices et sensorielles sont essentielles pour le développement cognitif global de l’enfant.


En permettant à l’enfant de passer par toutes les étapes du développement moteur par lui-même, on lui donne l’opportunité de développer ses compétences de manière naturelle et adaptée à son rythme individuel. Cela favorise un développement moteur harmonieux, une confiance en soi et une base solide pour les compétences motrices futures. Si on pousse bébé à aller trop vite, le risque est qu’il ne développe pas certaines de ces compétences, ce qui pourrait entraîner des difficultés motrices par la suite.

4/ Quelle est l’importance du passage aux 4 pattes ?


Le 4 pattes va permettre de travailler plusieurs compétences:


1 - Renforcement musculaire : Le fait de ramper à quatre pattes nécessite un engagement musculaire important, notamment au niveau des bras, des épaules, du tronc et des jambes. Ce mouvement permet de renforcer ces groupes musculaires, ce qui est essentiel pour développer la force et la stabilité nécessaire à d’autres compétences motrices, telles que la marche.

2 - Coordination bilatérale : Le passage aux quatre pattes favorise la coordination bilatérale, c’est-à-dire la capacité à utiliser et coordonner les deux côtés du corps de manière simultanée et synchronisée. L’enfant apprend à coordonner les mouvements opposés de ses bras et de ses jambes pendant le ramper, ce qui est essentiel pour de nombreuses activités motrices ultérieures, comme la marche et l’utilisation des membres supérieurs de manière indépendante.


3 - Stimulation sensori-motrice : Le quatre pattes permet à l’enfant d’explorer activement son environnement, ce qui favorise la stimulation sensorielle et motrice. En se déplaçant de manière autonome, l’enfant développe sa perception spatiale, sa coordination œil-main, sa conscience corporelle et son sens du toucher. Cette stimulation sensori-motrice est cruciale pour le développement cognitif et moteur global de l’enfant.

4 - Développement de l’équilibre : Le ramper à quatre pattes demande à l’enfant de trouver un équilibre stable et dynamique tout en se déplaçant. Cela contribue au développement de l’équilibre et de la proprioception, qui est la perception consciente de la position et des mouvements du corps. L’équilibre acquis lors du passage aux quatre pattes est un prérequis pour d’autres compétences motrices, notamment la marche.

5 - Préparation à la marche : Le passage aux quatre pattes est considéré comme une étape préparatoire importante avant la marche bipède. L’enfant développe sa force musculaire, sa coordination, son équilibre et sa perception spatiale pendant cette période, ce qui crée une base solide pour se lever et marcher de manière autonome par la suite. 6 - Protection : La marche à 4 pattes est un enchainement de réactions parachutes ou bébé doit mettre les mains pour avancer, mais également évite que la tête ne tombe au sol. L’absence de mise en place de ce réflexe acquis (différent des réflexes archaïques) lorsque l’on présente trop tôt la verticalité augmente les risques de blessure chez l’enfant. En effet, lors de la marche si bébé tombe et qu’il n’a pas de réflexe de protection comme les réactions parachute il y a plus de chance qu’il se fasse mal.




5/ Que conseilles-tu au quotidien pour stimuler l’enfant ?


Mon premier conseil est de ne pas se baser sur l’âge pour proposer des stimulations, mais sur les compétences motrices actuelles et l’envie exprimée par le bébé. En effet il existe une très grande variabilité dans les âges d’acquisition des étapes motrice entre chaque enfant. Deux enfants de 6 mois par exemple ne seront pas au même stade. Le premier devra encore développer ses retournements alors que le second aura commencé le ramper. Pour les stimulations de la motricité au quotidien il y a 2 axes pour proposer des stimulations :

1- Essayer de transformer toutes les activités de la vie quotidienne (change, déplacement avec bébé, bain, période des repas …) en activités et stimulation. Par exemple, le change est un super moment pour travailler l’enroulement ou les retournements. 2- En période d’éveil, proposez un lieu propice à l’éveil de la motricité. Les points de réflexions pour organiser un environnement stimulant. Il est nécessaire de les adapter en fonction des compétences du bébé.

  1. Essayer de toujours poser son enfant sur le dos ou sur le ventre sur un grand tapis et ce quelque soit ses compétences. Même s’il marche.

  2. Encouragez l’exploration libre : offrez à l’enfant un environnement sûr et propice à l’exploration. Laissez-le bouger, ramper, grimper, sauter et explorer son environnement à son rythme. Un grand tapis remplira parfaitement cette fonction au début.

  3. Fournissez des jouets et des activités adaptés : choisissez des jouets et des activités qui stimulent la motricité globale et fine de l’enfant. Des jouets qui nécessitent de manipuler, empiler, encastrer, pousser ou tirer, par exemple, peuvent aider à développer la coordination et la force musculaire. Juste 1 ou 2 jeux que l’on change au besoin sont amplement suffisants.

  4. Favorisez le temps en plein air

  5. Soyez un modèle actif : montrez l’exemple en étant actif vous-même. Cela activera les neurones miroir du bébé l’incitant à vous imiter. Cela sera à la fois stimulant et amusant.


Merci beaucoup Jonathan pour tes conseils et ton éclairage sur cet aspect des bienfaits de la motricité libre souvent méconnu du grand public, car assez technique mais essentiel pour comprendre le développement de bébé.

N'hésitez pas à liker et à partager cet article pour plus de visibilité auprès des parents désireux de connaitre davantage les bienfaits de la motricité libre sur leur bébé.


Et vous pouvez nous poser toutes vos questions !


Jessica et Jonathan.





Comments


bottom of page